vendredi 28 mars 2014

Reporter les problèmes à hier plutôt qu'à demain









Matériel supplémentaire

Les ères géologiques sont des subdivisions de l'histoire de notre planète qu'on peut distinguer en examinant les couches successives de minéraux qui se trouvent sous nos pieds (ou qui se trouvent exposés sur la face d'une falaise). Les strates géologiques ont connu des conditions de sédimentation homogènes et similaires, ou présentent des fossiles spécifiques qui permettent de les identifier. Le Phanérozoïque, par exemple, une des divisions de l'histoire de notre planète, commence avec l'apparition des premiers fossiles à coquilles. Les géologues peuvent facilement, en examinant une falaise, pointer les couches de roc correspondant à telle ou telle époque (les époques les plus lointaines correspondant aux couches sédimentaires les plus profondément enfouies).

Un peu comme la géographie se divise d'abord en continents, puis en pays, puis en régions, notre histoire se divise d'abord en en éons, puis en ères, puis en périodes, puis en époques et finalement en étages. On fait d'habitude principalement référence aux périodes pour ce qui précède la disparition des dinosaures et aux époques pour ce qui la suit; les autres divisions sont davantage utiles aux spécialistes qu'au commun des mortels.

Les éons se divisent ainsi:

L'Hadéen, qui vit se former notre planète sous la forme d'une grosse masse incandescente de poussière cosmique en même temps que le reste du système solaire. On le place à il y a environ 4,6 milliards d'années.

Le Protérozoïque, au cours du quel la vie est d'abord apparue. (La vie est apparue très tôt, tout bien considéré)! Il va d'il y a 4 milliards à 635 millions d'années.

Depuis nous vivons dans le Phanérozoïque, qui vit apparaître la plupart des formes de vie avec lesquelles nous sommes familiers. De ce qui existait avant, comme la faune de l'édiacara, on ne sait malheureusement pas grand chose; leurs fossiles suggérant une allure gracile et fragile n'ont pas laissé beaucoup d'informations. Mais on peut encore se laisser fasciner par le mystère que ces créatures ont laissé!

Les ères du Phanérozoïque sont les suivantes: le Paléozoïque (542 à 251 millions d'années, commençant avec des organismes à coquille primitifs et se concluant avec le développement des premiers reptiles et des premières plantes complexes comme les conifères), le Mésozoïque (251 à 65 millions d'années, avec le développement de la faune terrestre et de tous les grands reptiles qui nous émerveillent encore; il se conclut avec la fin des dinosaures) et le Cénozoïque (65 millions d'années à aujourd'hui; c'est l'ère des mammifères).

La colonne géologique nous permettant de mettre une date approximative sur les fossiles qu'on y trouve enfouis, on constate aisément que les formes de vie changent avec le temps, à cause des différents mécanismes de l'évolution. Ces changements sont de différentes nature. Au sein d'un même groupe on verra des formes corporelles changer; des groupes se diviseront aussi pour donner naissance à des sous-groupes indépendants qui deviendront éventuellement qui un tyrannosaure, qui un poulet; on voit également, souvent, même, des lignées s'éteindre. En creusant le sol verticalement à la recherche de fossiles, on trouvera certaines formes qui occupent plusieurs étages... mais jamais tous les étages. Certains fossiles abondants dans les couches correspondant à une période s'étalant d'il y a 150 millions d'années à il y a 100 millions d'années disparaissent soudain dans les couches supérieures. C'est le signe qu'à partir d'il y a 100 millions d'années, ces créatures ont cessé d'exister.

De temps à autres, en certains de ces points signalant une extinction, on ne verra pas la fin d'une seule lignée mais bien de dizaines, de centaines, voire de milliers de types animaux ou végétaux. Ce sont des cas d'extinction massive, moments terribles ou pour une raison ou une autre les conditions sur la planète sont devenues brutalement impropres à la survie de nombreux animaux, plantes et autres êtres vivants. Il y a eu cinq principales extinctions massives, et plus d'un scientifique estime que nous sommes en train d'en vivre une nouvelle, à cause de l'activité humaine. La plus célèbre de ces extinctions massives est certainement celle qui a eu lieu à la jonction entre deux ères du Phanérozoïque: le Mésozoïque et le Cénozoïque dans lequel nous vivons encore. À une échelle de temps plus petite, cette transition a eu lieu entre deux périodes: le Crétacé (à la fin du Mésozoïque) et le Paléogène (au début du Cénozoïque). Comme le Paléogène, avec le Néogène, était jadis appelé "ère tertiaire", on fait encore souvent référence à la jonction Crétacé-Paléogène sous le nom de Crétacé-Tertiaire, ou K/T. Cette transition particulière est célèbre parce qu'elle a vu la fin de l'ère des dinosaures. On est à peu près convaincu qu'elle correspond à l'impact d'un astéroïde de plus de 10 km de diamètre qui nous aurait laissé le cratère de Chixculub au Mexique, ainsi que de nombreux indices suggérant un tel impact. Une mince couche très enrichie en iridium, un métal rare à la surface de notre planète mais plus fréquent dans les aérolithes, est en effet distribuée globalement dans la couche sédimentaire séparant le Crétacé du Paléogène; elle aurait été déposée là quand l'astéroïde a été pulvérisé, laissant choir ses débris un peu partout autour du monde.

L'extinction associe à la transition K/T n'est pas la seule, on l'a dit plus haut, ni même la plus importante. On compte cinq évènements majeurs d'extinction massive.

Il y a 434 millions d'années, la transition entre l'Ordovicien et le Silurien s'accompagna de la disparition de 60% de tous les genres marins ou terrestres.

L'extinction associée à la transition Dévonien-Carbonifère, il y a environ 360 millions d'années, fut relativement lente (s'étirant sur quelques millions d'années). Elle vit surtout disparaître la plus grande partie des coraux qui à l'époque étaient extrêmement abondants. (Le nom "Carbonifère" vient de ce que la plus grande partie du charbon de l'Europe de l'ouest provient des nombreuses plantes vivant à cette époque, plantes dont les restes riches en carbone ont été compressés dans le sol pendant des millions d'années).

L'extinction du Permien, qui est notre sujet ici, mena à la disparition de près de 95% de toutes les formes de vie marine. Ce fut la plus catastrophique des extinctions connues. 95% des formes vivantes!!! Le concept de décimation et le verbe décimer, utilisés par l'armée romaine qui tuait un soldat sur dix pour maintenir la discipline dans les rangs d'une troupe coupable de quelque manquement, semblent bien mièvres en comparaison.

La fin du Triassique vit la disparition de 80% des espèces terrestres et de 50% des invertébrés marins.

L'extinction du K/T élimina la plupart des dinosaures (seuls les oiseaux, qui sont les descendants directs de certains dinosaures, devaient leur survivre). Pratiquement aucun grand animal terrestre ne survécut, ce qui permit d'ouvrir la porte à l'âge des mammifères. (Les mammifères existaient en fait avant les dinosaures, mais ne pouvaient apparemment pas compétitioner avec eux).

Des recherches suggèrent que chaque extinction de masse s'est accompagnée d'une variation importante de la concentration de CO2 atmosphérique. Le CO2 a différents effets: nous savons qu'en tant que gaz à effet de serre il contribue au réchauffement de l'atmosphère et à des modfifications globales du climat et des courants marins, mais il cause aussi une acidification des eaux (parce que CO2 +H2O -> H2CO3, l'acide carbonique, et que cette acidification provoque la décalcification des coquilles des organismes marins. Rien de bien bon, comme vous pouvez le voir). Ceci, bien entendu, devrait nous faire dresser l'oreille en tant que conducteurs d'automobiles et grands épandeurs de CO2.

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