lundi 29 avril 2013

Réalités économiques






Je ne suis en aucune façon un apologiste de la grande entreprise, et je n'entretiens aucune illusion quant à leurs priorités: le profit, le pognon, le blé. Mais ne voyez pas là une condamnation du capitalisme: je ne fais que reconnaître ce qui est, et blâmer une entreprise de vouloir faire des sous c'est un peu comme de blâmer un alligator d'être carnivore. Connaissez la bête, et caveat emptor.
Une fois la chose entendue, cette motivation économique explique le comportement habituel d'un fournisseur. Une entreprise vendra-t-elle quelque chose qui ne lui rapportera rien? Certainement pas, ou alors elle fera faillite assez rapidement. Vendra-t-elle quelque chose qui ne fonctionera pas comme prévu? Certes, à moins qu'on l'en empêche, ce qui se fait d'habitude de deux façons: d'une part, si la qualité de ce qu'on vend est médiocre au point que plus personne n'achète rien de ce fournisseur, les choses devront changer pour le mieux (ou alors la boîte fera faiilite). D'autre part, si l'état impose certains critères de qualité ou d'efficacité, le fournisseur n'a d'autres choix que de s'y conformer (ou à tout le moins de le faire croire).
Dans le cas de l'industrie pharmaceutique, la plupart des pays protègent le public en imposant des protocoles permettant de juger de l'innocuité et de l'efficacité d'un traitement ou d'une drogue avant qu'ils ne soient homologués. De tels protocoles pré-cliniques et cliniques coûtent la peau des fesses et demandent au dessus d'une décennie de travail. Je suis cyniquement persuadé que plus d'une entreprise pharmaceutique se ferait une joie d'accélérer les choses et de couper les coins ronds pour amener un nouveau produit sur le marché rapidement tout en proclamant qu'il fait des miracles, mais voilà: ce n'est pas permis. Pas si on veut que le produit soit reconnu comme un vrai médicament. Et sans cette reconnaissance, adieu les profits: il y a beaucoup plus d'argent à se faire dans les hôpitaux et les pharmacies, dans le réseau officiel, quoi, que dans les rayons de produits naturels, là où se retrouvent toutes ces potions mal définies mais nanties (paraît-il) de toutes les vertus imaginables et non-testées.
La grande entreprise pharmaceutique pourrait fort bien vendre la même salade que les pourvoyeurs de décoctions miracles aux extraits de pissenlit ou à l'essence de chiendent, de bracelets de noisetier ou de gougounes farcies d'aimants. Mais elle n'a pas le droit de présenter ces charlataneries comme étant d'authentiques médicaments, car les tests (si test il y a eu) démontrent que bien qu'inoffensifs, ces produits pittoresques n'apportent aucun bienfait autre que psychologique. Et verser dans la pseudo-science serait une bonne façon de ruiner l'image sérieuse de ces entreprises, ce qui affecterait leur marge de profit sur leurs "vrais" produits.
Ainsi, si on ne saurait se fier à la bonne foi de la grande entreprise, on peut toujours se fier à son appât du gain pour savoir ce qui est vrai et ce qui est de la fumisterie.

Oh, et pour ne pas croire que je ne casse du sucre que sur le dos des vendeurs de poudre de perlinpinpin, je vous invite à lire régulièrement le blog de Ben Goldacre, qui ne se gène pas pour signaler de nombreux cas de Grosses Pharmas qui cherchent à contourner les règles.

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