mardi 3 juin 2014

Bactériothérapie fécale








Matériel supplémentaire

Il y a des approches thérapeutiques qui, de prime abord, peuvent choquer un peu. Ainsi, l'utilisation de sangsues, pourtant longtemps préconisée, a un facteur beurk assez élevé même si dans certains cas ces invertébrés relativement antipathiques peuvent s'avérer des alliés de valeur (particulièrement lorsqu'on doit réattacher un doigt amputé à la main de son propriétaire).

Une technique surprenante que l'on examine avec soin depuis quelques années pour le traitement de patients est la bactériothérapie fécale (que je préfère sous le nom plus pittoresque de "greffe fécale". Elle est connue depuis longtemps pour le traitement du bétail, mais ses possibilités en clinique n'ont que récemment fait la manchette. Cette approche est basée sur une observation toute simple: les diverses populations bactériennes retrouvées dans nos intestins, d'habitude vivant en harmonie et contribuant à notre homéostasie, sont déstabilisées dans de nombreuses situations pathologiques. Ainsi, un examen sommaire de la famille Papineau montrera que Papa Pierre et Maman Patricia, Grand frère Patrick et Grande soeur Paule, tous bien portants, partagent à peu près la même flore intestinale alors que Petit frère Philippe, souffrant d'un problème inflammatoire intestinal, a une flore de composition différente. En introduisant dans les boyaux du patient une suspension de bactéries prélevées dans les intestins de sa famille, on réussit à le ramener à la santé. Ce qui ne pourrait être qu'une anecdote s'est révélé tellement reproductible que les tests initiaux, destinés à vérifier que l'effet observé était bien réel, ont été interrompus tant il aurait été immoral de laisser les contrôles négatifs ne pas profiter d'une technique qui donnait de si bons résultats!

L'une des forces de cette approche est qu'elle utilise certaines souches de bactéries contre d'autres. Grâce à la bactériothérapie, on peut ainsi contrer la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques (notamment la terrible Clostridium difficile, ce dragon nosocomial qui rend un séjour à l'hôpital plutôt inquiétant par les temps qui courent. La simple compétition de ce Clostridium avec la flore intestinale normale ne lui est pas favorable, et sa population baisse jusqu'à ne plus être dangereuse.

La bactériothérapie nous rappelle que le corps humain contient dix fois plus de cellules bactériennes que de cellules humaines. Il ne surprendra personne que l'harmonie entre tous ces partenaires ait une importance déterminante pour le maintien de la santé de ce qui fait notre personne.

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